Construction du Lac Sainte-Croix-du-Verdon

Avant la construction du lac Sainte-Croix-du-Verdon, il faut imaginer une vallée en pentes douces au paysage façonné par la presence humaine. Champs de lavandes, chênes truffiers, champs de blé, vignes et oliviers y étaient pérennisés par les populations locales au fil des siècles.

Construction du lac Sainte-Croix-du-Verdon, les premiers essais

La réalisation du lac Sainte-Croix-du-verdon était en projet depuis le début du XX ème siècle. Après l’expédition de Martel en 1905, c’est Gorges Clemenceau alors president du conseil de la troisième république qui en 1908 arpenta le Verdon de Fontaines L’Evêque au lac d’Allos. C’est dire si on portait de l’intérêt à l’hydrographie de la vallée, de grands projets commençaient alors à se dessiner.

Dans les années 1930, la société Schneider cherche à concrétiser le projet d’un grand lac de Sainte-Croix. Deja à l’époque, l’homme est capable de réaliser de grandes constructions comme celle du barrage de Sainte-Croix. Cependant, le gros du travaille été plutôt de convaincre les populations des villages sacrifiés de quitter les lieux. C’est pourquoi la société Schneider se heurta alors à une farouche levée de boucliers des villages impactés dans le projet. Quelques années d’intenses négociations furent entamées et Schneider préféra abandonner le projet. Cependant, cette enterprise jamais renié le Verdon. En effet, Schneider a implanté il y a quelques années un parc de panneaux solaires à Vinon-sur-Verdon.

Construction du lac de Sainte-Croix, la mise en oeuvre du projet

Trente ans plus tard, au début des années soixante EDF (électricité de France) ressort le projet sur la table. Cette fois-ci, c’est une entreprise nationalisée avec l’Etat à ses cotés qui va mener le projet à bout coute que coute. Outre la production d’électricité, des intérêts stratégiques tel que l’apport en eau des grandes villes du littoral sont en jeux.

Tout comme dans les années 30, les populations locales font une fois de plus entendre leur mécontentement quant à la réalisation du projet. Toutes fois, le combat prend cette fois des allures de David contre Goliath. Ce sont trois villages de Provence face à l’Etat et des intérêts nationaux. De plus, il faut noter que trente années plus tard, l’exode rurale est passé par la et les populations des villages impactés ont diminué.

Après de nombreuses concertations, la décision est tranchée en 1968. La cote du lac initialement prévue à 500 sera abaissée à 482. Cet abaissement de la hauteur d’eau permet ainsi de sauver les villages de Bauduen et Sainte-Croix-du Verdon. Seul le village des Salles-sur-Verdon sera noyé.

Les travaux débutent en 1969. Le Verdon est alors détourné dans un canal de dérivation. L’année suivante, en 1970, EDF commence à se rendre acquéreur de l’ensemble des terrains qui formeront le lac. Après un premier essai au printemps 1973, le lac Sainte-Croix-du-Verdon commence à  se remplir à l’automne 1973 pour atteindre sa cote en 1974.

Les Salles-sur-Verdon, un village sacrifié

Le village est détruit avant la mise en eaux du lac. Il est reconstruit plus haut, face au futur lac, sur le plateau de Bacouenne. Ce fut un évènement tres mal vécu pour les habitants expropriés du village. Ces derniers se sont sentis abusés par la réalisation du projet. En effet, les maisons qui formaient alors le village étaient souvent anciennes et vétustes. Les indemnités consenties furent alors à la hauteur. Les chênes truffiés par exemple ne furent pas non plus indemnisés à leur vrai valeur.

Dans ces conditions, les habitants des Salles n’ont pas retrouvé la vie qu’ils avaient avant la mise en eaux du lac. Le prix des maisons du village reconstruit du “lotissement”, comme diront les habitants, était bien plus elevé que les indemnités perçues. Enfin, les traumatismes liés à l’arrachement de la terre et de ses maisons qui avaient vu naitre et abrité plusieurs générations ne furent jamais indemnisé.