Construction du barrage de Castillon

La construction du barrage de Castillon ne s’est pas faite en un seul jour. Le premier barrage, construit sur le Verdon, celui de Castillon, ouvrit la porte à plusieurs décennies de travaux sur le cours de la rivière émeraude. Ce ne sont pas moins de cinq barrages qui seront construits à la fin des années 1970.

 

Les prémices de la construction du barrage de Castillon

Les besoins en eau potable mais aussi pour l’irrigation font germer à la fin du XIXème siècle, l’idée de retenues d’eau sur le Verdon. Ainsi, en 1900, un premier projet avec la création de deux lacs est présentée. L’un en amont de Castellane, celui de Castillon. L’autre en aval de Castellane, celui de Carajuan. Le projet de Carajuan qui devait former une reserve de 400 millions de mètres cubes d’eau sera finalement abandonné. Aujourd’hui encore on peut observer quelques vestiges du projet. En témoignent les quelques barres de fer et enrochements au niveau de Carajuan. Sans l’abandon de ce projet, les activités d’eaux vives n’auraient jamais existées dans cette vallée.

La construction du barrage de Castillon avec la SHEV

En 1921 est fondée la SHEV (Société Hydroélectrique du Verdon). Deux ans plus tard, en 1923, une loi du gouvernement impose la création de retenues d’eau sur le Verdon afin de soutenir son étiage en période estivale. En 1928, la SHEV remporte par décret la concession du barrage de Castillon et du barrage de Chaudanne. Au lendemain de la première guerre mondiale, le traité de Versailles impose à l’Allemagne des réparations de guerre à la France. La SHEV va donc être aidée pour la construction de ce premier barrage par ces efforts de réparation.

Ainsi, en 1929, c’est la société Allemande Verdonbau qui avec pas moins de mille deux cent ouvriers dont huit cent allemands va débuter les travaux. Tous les matériaux nécessaires à la construction sont alors importés d’Allemagne. On bâtit alors une veritable cité ouvrière pour loger cette population pratiquement aussi importante que celle de Castellane. Des ouvriers qui travaillaient beaucoup et avaient aussi besoin de se détendre. Bars, guinguettes et maisons clauses apparurent dans la foulée.

Trois ans plus tard, en 1932, la SHEV est en faillite. En effet, en arrivant au pouvoir, Hitler suprima rapidement les efforts de réparation de guerre alloués à la France. On maintient alors seulement un gardien. Un allemand chargé d’avoir un œil sur le chantier en veille. Malgré cela, en 1936, un incendie survient sur une partie du chantier. Cet incident détruit les concasseurs utiles à la fabrication du ciment. On soupçonne alors un acte de sabotage sans pouvoir le prouver réellement.

 

La construction du barrage de Castillon avec EELM

En 1938, c’est la EELM (Energies Electriques du Litoral Méditerranéen) qui reprend la concession de Castillon et de Chaudanne. Dans un premier temps, faute de crédits, EELM continue à assurer un role de surveillance. Il faut attendre 1941 pour observer une timide reprise des travaux. En effet, seulement deux ans après la debacle française, en pleine occupation, le pays manque de tout. De main d’oeuvre comme de matériaux. C’est seulement avec une soixantaine d’ouvriers et quelques credits publics que les travaux continuent.

A la libération, en 1945, les travaux du barrage reprennent rapidement. Certaines sources parlent de 2200 ouvriers, d’autres sources citent 3000 ouvriers. Le contingent des 800 ouvriers allemands revint également  mais en qualité de prisonniers de guerre cette fois-ci. On compta pas moins de 20 nationalités différentes sur le chantier à cette époque! Une revolution multiculturelle pour Castellane.

EDF

Le CNR (Conseil National de la Resistance), projeta de nationaliser à la liberation, les moyens de production, de transport et de distribution de l’énergie. C’est ainsi que EDF (Electricité De France) fut créé par la loi du 8 avril 1946. A partir de ce moment, EDF allait donc naturellement prendre en charge la suite des travaux de construction du barrage de Castillon.

Les travaux allaient tambour battant. Ils furent cependant perturbés par un léger sabotage le 19 février 1947. Sans aucune consequence pour la suite des travaux. En effet, le 28 février 1948 allait sonner le jour de l’inauguration. Pour l’occasion, on réalisa une mise en eau symbolique du barrage. L’eau monta doucement pour engloutir peu à peu l’existant. C’est ainsi que le village de Castillon fut enfoui. On prit soin auparavant de déplacer son cimetière.

Le 18 juin 1948, la production électrique fut lancée. En juillet 1949, le lac atteignait sa cote maximum de 880 NGF.